Depuis quelque temps, un nouveau phénomène est apparu dans le monde de l’événementiel : la Divorce Party. Après la Baby shower qui célèbre une grossesse, voici la fête de divorce. Ce sont d’abord les célébrités qui l’ont rendue populaire (Madonna, Katie Holmes, Britney Spears, Katy Perry…) et créé le buzz autour de ce concept. Le grand public américain, toujours friand de bonnes occasions pour faire la fête, a suivi le mouvement, alimenté par la hausse constante de divorces outre-Atlantique. Et comme en matière d’événements, ce sont les Etats-Unis qui font les tendances, cette pratique commence, doucement, à se développer en France. Décryptage d’un phénomène récent.
Divorce Party : définition
Comme son nom ne l’indique pas, une Divorce Party ne consiste pas tout à fait à fêter un divorce. C’est plus complexe que cela. Le terme “divorce party” reflète mal la réalité de cette pratique. Ce qu’on célèbre, c’est davantage le début d’une nouvelle vie, un nouveau départ, une liberté retrouvée. Richard O’Malley, organisateur d’événements new-yorkais, préfère parler de “freedom fest”. Lisa Stevens, cake designer à Tampa, parle elle aussi de “freedom cake” pour désigner le fameux Divorce Cake, cette parodie de Wedding Cake qu’on retrouve dans les Divorce Parties. Virées à Las Vegas, soirée en boîte de nuit…
la fête de divorce made in USA ressemble étrangement à une Bachelorette Party, sauf qu’au lieu de sa vie de célibataire, c’est sa vie maritale qu’on enterre. Actuellement, c’est une pratique essentiellement féminine, de plus en plus d’hommes sont touchés.
Relâcher la pression après une rude procédure juridique
Un divorce est un processus juridique qui peut s’avérer long et éprouvant. A l’issue de la procédure, certains divorcés éprouvent le besoin de se changer les idées, se détendre, se défouler… et décident de faire la fête pour relâcher la pression. D’où la Divorce Party. La motivation est terre-à-terre mais bien réelle, et c’est la raison principale qui pousse les jeunes divorcées à en organiser une. En France, les célébrations de divorce, tout comme les enterrements de vie de jeune fille, prennent des formes variées : soirées entre copines, après-midi cocooning, dîner, soirée pyjama, week-end… tout est possible. Il est question de s’amuser et de prendre soin de soi.
Un concept controversé et mal compris
Si la Baby shower est entrée dans les mœurs, la Divorce Party reste controversée, même aux Etats-Unis. Ses détracteurs ne comprennent pas l’intérêt de fêter un divorce, qui est un événement triste. D’autres critiquent son aspect commercial et mercantile. Et certaines Divorce Parties trash et de mauvais goût leur donnent hélas raison… Pourtant, de nombreux thérapeutes expliquent les effets bénéfiques de la Divorce Party sur leurs clients en instance de divorce et vont jusqu’à la recommander. La fête de divorce aurait des vertus cathartiques sur les jeunes divorcés. Elle agirait comme un rituel, un rite de passage, permettant de passer d’un statut à un autre, et ce faisant, de tourner plus facilement la page.
Certains avocats américains prétendent qu’elle donne à leurs clients “a sense of closure”, un sentiment de fin, de boucle bouclée. On sait combien la société a besoin de rites pour marquer les jalons d’une vie : baby shower pour passer au statut de mère, baptême pour marquer la naissance, communion pour le passage de l’enfance à l’adolescence (circoncision dans les sociétés tribales), enterrement de vie de célibataire pour le mariage, pendaison de crémaillère pour un emménagement, pot pour un départ à la retraite…
Pourquoi le divorce, qui est aussi une étape importante au cours d’une existence, n’aurait-il pas lui aussi son rituel ? Les fêtes de divorce incluent d’ailleurs fréquemment des rites symboliques visant à marquer la fin du mariage et rebondir après un divorce, comme des séances photos “Trash the dress” où on abîme sa robe de mariée, voire des “cérémonies de divorce”. Personnes qui se prennent au sérieux s’abstenir! C’est cet aspect humoristique et parodique qui est parfois mal vu et décrié par les anti-divorce party.
Le signe d’une évolution des mentalités
Outre ses bénéfices supposés sur les couples qui divorcent, la Divorce Party aurait d’autres conséquences : elle permettrait de dédramatiser le divorce, jusque-là tabou et associé à quelque chose de négatif. Elle décomplexerait les divorcés. Elle montrerait l’affirmation d’une certaine frange de la société qui ne se satisferait plus d’un mariage malheureux et prendrait le pouvoir. Elle pourrait offrir aux femmes une occasion de s’affirmer, de montrer au monde qu’il y a une vie après le divorce et qu’elles peuvent s’en sortir.
Ainsi, l’actrice Katie Holmes n’a pas hésité à organiser une Divorce Party avec ses proches, dans un grand hôtel de Manhattan, un an jour pour jour après avoir annoncé sa séparation avec son ex-mari Tom Cruise, qu’elle quittait pour protéger sa fille Suri de l’église de Scientologie. Pour ne pas déprimer à l’approche d’une date fatidique, la chanteuse Katy Perry a organisé sa Divorce Party le jour même de son supposé deuxième anniversaire de mariage qui tombait un 23 octobre, soit deux jours avant son anniversaire. Elle a simplement convié les personnes qu’elle préférait à une petite réception intime pour que cette date soit synonyme de fête.
Les Divorce Parties sont le reflet de l’évolution des mentalités : on a le droit de se tromper, le divorce n’est plus vu comme la fin du monde mais peut être un nouveau départ, le début d’un nouveau chapitre. Et le phénomène ne fait que commencer…